Gaza : Violence coloniale et justifications mensongères

31 décembre 2008 | Posté dans Canada, Palestine
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    Rachad Antonius, Professseur, UQAM. 31 décembre 2008

    Photo: siège militaire de la bande de Gaza

La propagande du gouvernement israélien a été complètement intériorisée dans le discours dominant des médias québécois et canadiens. On explique la violence actuelle par le fait que le Hamas aurait brisé la trêve avec Israël, et qu’il est donc responsable de la violence israélienne présentée comme une « riposte », Israël ne faisant que se défendre contre un ennemi implacable qui veut toujours le détruire. Dans les meilleurs des cas, on déplore les excès de la dite « riposte », mais on ne remet pas en question qu’il s’agit bien d’une riposte. Le dossier entier de La Presse sur la situation actuelle a pour titre : Riposte d’Israël à Gaza.

On a donc complètement intériorisé la signification que le gouvernement israélien veut donner à l’événement, et elle devient le cadre à partir duquel la situation actuelle est perçue et comprise. On ne remet pas non plus en question le principe même de la violence pour résoudre le différend israélo-palestinien, étant entendu que cette violence est légitime quand Israël l’utilise mais illégitime quand le Hamas le fait, même si les moyens dont dispose chacun des deux protagonistes ne sont pas comparables et que les dommages qu’ils subissent en termes humains et en termes d’infrastructures ne sont aucunement comparables non plus.

Cette logique souffre de deux erreurs fondamentales qui font qu’elle ne tient absolument pas la route. D’abord elle contredit les données empiriques sur le terrain qui sont bien documentées et que personne ne conteste : c’est juste qu’on les oublie. Ensuite elle s’inscrit dans une logique proprement coloniale.

Qui a brisé la trêve ?

Contrairement à ce qui a été répété ad nauseam dans les éditoriaux ainsi que dans les entrevues télévisées, ce n’est pas le Hamas qui a brisé la trêve mais bien Israël. C’est le 4 novembre 2008 que la trêve, qui durait depuis quatre mois, a été brisée par Israël lors d’un bombardement qui a fait six morts parmi les Palestiniens. C’est seulement après ces assassinats ciblés que les tirs de roquettes ont repris, pas avant. Le 17 novembre, les Israéliens bombardaient à nouveau et tuaient quatre autres Palestiniens, amenant le total de morts palestiniens à quinze depuis le bris de la trêve par Israël. Ces faits sont solidement documentés (voir par exemple les textes de l’ancien correspondant du Jerusalem Post, Joel Greenberg, dans la Chicago Tribune du 17 novembre 2008).

Dès le lendemain du 4 novembre Israël a décidé de boucler complètement Gaza et de ne pas permettre la circulation de nourriture et de médicaments. Entre le 5 novembre et le 30 novembre 2008, seuls 23 camions de vivres ont pu entrer à Gaza alors qu’en moyenne, ce sont 3000 camions par mois qui peuvent répondre aux besoins de la population qui se chiffre à 1.5 millions. La situation humanitaire déjà désastreuse, et dénoncée comme telle par les représentants de l’ONU, est devenue encore plus catastrophique suite à ce blocus. Mais ni les bombardements Israéliens ni le blocus ne sont considérés comme des actes d’agression.

Une logique coloniale

Alors qu’est-ce qui amène les faiseurs d’opinion à « oublier » ces petits détails ? C’est qu’au fond, le gouvernement d’Israël se donne le droit d’utiliser la violence contre une population qu’il considère humainement inférieure, mais ces populations inférieures ne doivent surtout pas lever le ton. Dans la logique coloniale, rien n’est considéré comme une agression contre des populations subalternes, alors que toute révolte des subalternes est considérée comme un affront à l’ordre colonial, et doit être sévèrement punie.

Dans cette logique, on n’a pas besoin de respecter le droit international, et on pense que les peuplades inférieures ne comprennent que le langage de la force. Cette logique n’est heureusement pas partagée par toute la société israélienne et les mouvements comme Gush Shalom la contestent énergiquement. Par contre, l’élite politique canadienne l’a reprise intégralement. Or ce n’est pas le langage de la force qui va faire débloquer la situation, mais le respect du droit international.

Rachad Antonius, Professseur, UQAM

8 commentaires »

Je suis français résidant en France et je tombe sur cet article après avoirs lu celui de “Mr Patate” sur vigile.net… Et je dois vous dire, tout en vous remerciant, qu’à éclairer ainsi les ténèbres, vous faites grand bien!! bonne année 2009.

Commentaire par Poulnot Vincent — 1 janvier 2009 @ 20:29

D’abord debarassons nous du Hamas ces fanatiques religieux et de ces criminels qui s.abritent avec mepris parmi la population civile et tout ira mieux

Commentaire par jojo — 2 janvier 2009 @ 9:24

I am from vancouver and i wanted to comment on the invasion of gaza by the fascist israeli gov.The canadian gov. should be overthrown by the working class of canada for supporting Israel.The people of Gaza and the Hamas gov.got the support of the majority of the people of the world.The consulates of Israeli in the world should be destroyed.The people of Palestine will win this struggle against fascist israel with the support of the rest of the world.Long live Palestine,death to israel.

Stan Squires

Commentaire par stan squires — 3 janvier 2009 @ 22:36

quoi de mieux un arabe de l UNIVERSITE ARAB UQAM ENVAHIS PAS DES ARABES POUR EMETRE SON OPINION JE SUIS ETTONE.

Commentaire par jjj — 4 janvier 2009 @ 21:58

La Presse est soumise aux juifs depuis toujours et produit un journal de guerre, donc de propagande.

Il faudrait trouver un moyen de forcer La Presse à avertir ses lecteurs qu’il ne fait pas de l’information quand il édrit sur ce sujet.

Comme les fabriquants de cigarettes avec le danger relié au tabac.

La position de La Presse est une grave atteinte au droit à l’information et doit être dénoncée beaucoup plus ouvertement.

Commentaire par Paul Dooley — 6 janvier 2009 @ 5:50

The Palestinians are resisting an apartheid state that consider them inferior. They are fighting against blockade, against bombings of their homes, and killing of their children. The apartheid state of israel real goal is not to stop the rockets because it can do this by lifting the blockade, what the apartheid state really wants is to impose on Palestinian people a treaty that will deny them from their right of self-determination. The apartheid state of Israel wants the Palestinians to give up their lands occupied by the settlers in Jerusalem and west bank and wants the Palestinians to give up their right of return.

The Palestinians will not able alone to resist and fight against the aggressions of apartheid state of israel. Therefore, people around the world should find ways to help them in their fight for self-determination. Demonstrations are important but not enough. Boycott, divestment and sanctions should be imposed on the apartheid state of Israel as long as Palestinians are denied of their legal rights protect by the international law.

Commentaire par Nidal Ahmar — 6 janvier 2009 @ 10:49

Le texte de Monsieur Rachad Antonius est tendancieux. Il est vrai que les Israéliens ont effectivement détruit un tunnel près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël en novembre 2008. Il est important de noter que ce passage était destiné à enlever des soldats israéliens. Ce n’était en rien un bombardement sans raison visant des civils. Monsieur Antonius serait-il victime de la propagande du Hamas ?

Par ailleurs, je n’ai nullement l’intention de prendre parti pour un peuple contre un autre. Les deux peuples ont droit à exister. Évidemment, il y a lieu de blâmer sévèrement l’action israélienne dont la violence déplorable. Je tiens toutefois à signaler à quel point il est désolant de prendre conscience qu’aucune condamnation ne maudit l’occasion qui justifie toujours cette violence. Sans ces lancements insensés de roquettes qui ne fortifient d’aucune façon les revendications palestiniennes, la population israélienne n’aurait jamais exigé de ses représentants une intervention armée.

Comment Monsieur Antonius peut-il ignorer ces dirigeants du Hamas qui acceptent de mettre leur propre population en danger pour des gestes qui ne peuvent d’aucune façon aider la cause des Palestiniens ?

De grâce, Monsieur Antonius, ne soyons pas dupes de la démagogie, peu importe son origine. Soyons contre la violence, peu importe ceux qui l’exercent.

Commentaire par Denis Pinsonnault — 9 janvier 2009 @ 0:21

@Denis Pinsonnault : Vous prenez les choses complètement á l’envers… Vous semblez victime de la propagande pro-israelienne.

– Peu importe ce que les palestiniens comptaient faire du tunnel (contrairement à vous, je ne prétends pas lire dans le coeurs des gens, les tunnels servent aux palestiniens sous blocus pour acheminer aussi les vivres et les médicaments dont ils ont besoin). Pendant une treve, les problemes se reglent par le dialogue et la négociation, Israel n’avait pas le droit de recourir à une action armée, elle a bien rompu la treve à ce moment là.

– Israel s’était engagé à alléger le blocus sur Gaza, il n’a pas respecté sa part du contrat, Gaza est resté sous blocus au point que des responsables de l’ONU parlaient de crise humanitaire deja avant l’attaque israelienne sur Gaza. C’est aussi une rupture de la treve.

– Les palestiniens envoient des roquettes pour protester contre l’occupation israelienne, le vol de leurs terres, l’expansion des colonies, le blocus et les massacres dont ils sont victimes à cause d’Israel. C’est la resistance d’un peuple sous occupation militaire… Qu’Israel arrete l’occupation et rende aux palestiniens leurs terres, et les palestiniens n’auront alors plus besoin de resister.

– Les roquettes, qui ne sont que des petards en comparaison aux avions de chasse, chars, bombes au phosphore et à l’uranium qu’Israel utilise sur la population civile, n’ont causé que quelques dizaines de victimes en plus de dix ans… Comparez cela aux plus de 1300 victimes palestiniennes de ces quelques semaines à Gaza, et vous comprendrez que ce n’est qu’un pretexte pour Israel.

Sérieusement, Israel est un des pays les plus puissants du monde militairement grace à l’aide américaine entre autres, c’est l’état colonisateur occupant, humiliant et séquestrant les palestiniens. C’est lui qui donne la couleur à la lutte de libération des palestiniens. Comme il use de la violence, il rencontre une resistance armée des palestiniens. C’est absurde de rendre les palestiniens responsables des nuisances de l’occupation coloniale israelienne.

Commentaire par Pierrot — 12 février 2009 @ 22:47

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