Boycotter l’apartheid israélien : COMPTE-RENDU DE LA CONFÉRENCE à Toronto

8 novembre 2006 | Posté dans Boycott, Culture, Économie, Palestine, Solidarité
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COMPTE-RENDU DE LA CONFÉRENCE

Une trentaine des montrealais-es ont voyagé à Toronto à fin d’assister dans cette conférence. Le mouvement  « Boycotter l’apartheid israélien » aggrandit à Montréal actuellement. Contacter Tadamon! ou la Coalition pour la Justice et la Paix au Palestine (www.cjpp.org) pour savoir comment vous pouvez vous impliquer.

La conférence, « La lutte se poursuit : Boycotter l’apartheid israélien », organisée du 6 au 8 octobre 2006 à Toronto fut un événement inspirant et révélateur. Plus de 600 personnes ont pris part aux différentes séances de cette conférence qui s’est avérée l’un des plus importants événements de solidarité avec le peuple palestinien à se tenir sur le continent.

Bien que cette conférence se destinait aux activistes ontariens impliqués dans les mouvements de solidarité avec la Palestine, beaucoup de participants provenaient de tout le Canada, dont Montréal, Halifax et Vancouver de même qu’en provenance des États-Unis. La conférence a réuni des personnalités de calibre international telles que Jamal Jumaa’ de « Stop the Wall Campaign » de Palestine, Salim Vally du Comité de solidarité avec la Palestine en Afrique du Sud, Betty Hunter du Comité de solidarité avec la Palestine du Royaume uni et Jonathan Rosenhead, professeur émérite au « London school of Economics » et membre du Comité britannique pour les universités de Palestine. Robert Lovelace, l’un des chefs de la nation algonquine d’Ardock en Ontario a clôturé la conférence avec une puissante comparaison entre les expériences coloniales au Canada et en Palestine. 

La conférence se destinait à être une rencontre de travail. De plus, elle visait à développer concrètement les prochaines étapes d’une campagne mondiale de boycottage, de désinvestissement et de sanctions (BDS) contre l’apartheid israélien. L’un des aspects les plus motivants de la conférence fut de comprendre que la campagne est sur le point d’atteindre un sommet majeur en matière de soutien populaire. La forte participation des réseaux sectoriels (travailleurs, étudiants, groupes communautaires, etc.) a inculqué un élan d’optimisme à cet événement.

Ce compte-rendu vise à résumer les principales décisions et les principes de base qui ont émergé de la conférence. Pour plus d’informations et pour vous impliquer dans cette campagne antiapartheid à Toronto, s’il vous plaît contactez la « Coalition contre l’apartheid israélien » (CAIA) à endapartheid@riseup.net

1. LES PRINCIPES DE BASE

La conférence a soutenu les demandes de la CAIA: la fin de l’occupation israélienne sur toutes les terres arabes et palestiniennes, la libération de tous les prisonniers politiques arabes et palestiniens, l’égalité entre tous les citoyens israéliens et le droit pour tous les réfugiés palestiniens de retourner dans leurs maisons et sur leurs terres desquelles ils ont été expulsés depuis 1947. Ces demandes sont incluses dans le cadre des principes de base guidant le travail de la CAIA :

a) L’État d’Israël est un projet de colonisation qui met en place des mesures similaires aux mesures d’apartheid sud-africaines. Israël a été créé sur l’expulsion des trois quarts de sa population indigène. Les gens sont devenus des réfugiés dans les pays voisins et à travers la planète. L’une des premières lois adoptées par l’État d’Israël fut la soi-disant Loi du retour qui a permis à toute personne en provenance de partout sur la planète, mais possédant des « racines juives » de devenir immédiatement citoyen israélien. Par contre, les Palestiniens, qui constituent aujourd’hui la plus importante population de réfugiés au monde, se voient toujours refuser le droit de retourner vers leurs foyers et leurs terres desquels ils ont été expulsés. La campagne contre l’apartheid israélien est fondamentalement orientée vers le droit des réfugiés palestiniens à retourner vers les lieux dont ils ont été évincés.

Les Palestiniens qui ont réussi à demeurer sur leurs terres et qui sont devenus citoyens israéliens se voient délibérément refusés le droit d’avoir accès aux services sociaux et aux ressources matérielles de l’État.  Les citoyens palestiniens d’Israël comptent pour 20 pour cent de la population israélienne. Il demeure par contre illégal à tout individu (ou parti politique) de se porter candidat afin d’accéder au parlement israélien (la Knesset) s’il n’est pas favorable à l’idée que l’État d’Israël soit de caractère juif. Les membres israéliens de la Knesset ont ouvertement plaidé pour une vigoureuse expulsion des citoyens palestiniens. À proprement parler, 93 pour cent des terres sont soumises au contrôle juif et à leurs constructions par un droit de propriété étatique, le Fonds national juif et l’Administration des terres d’Israël. Une situation qui dépasse même les 87 pour cent que l’Afrique du Sud réservait aux « Blancs » durant l’apartheid. Les politiques israéliennes s’orientent délibérément vers le développement et la ghettoïsation de zones « palestiniennes » pendant qu’ailleurs on fait la promotion de centres à population juive. À titre d’exemple, le budget 2002 de l’État allouait, par le biais du ministère du Logement israélien, des sommes de 30 $ par personne issues des communautés arabes tandis que celles-ci atteignaient 3100 $ par personne issues des communautés juives. Plus de 100 000 citoyens palestiniens d’Israël proviennent de « villages non reconnus », c’est-à-dire des zones résidentielles ayant existé pendant des centaines d’années, mais dont la reconnaissance est délibérément refusée par le gouvernement israélien. Ces citoyens se voient refuser les services de base tels que l’aqueduc, l’électricité, l’éducation et les services de santé de première nécessité de même que l’accès aux routes. En mai 2006, la Cour suprême israélienne a banni les mariages entre Israéliens et Palestiniens des territoires occupés et de la bande de Gaza. Il s’agit d’une décision que le quotidien israélien « Haaretz » a qualifiée de « honteuse ». Jusqu’à récemment, la Banque d’Israël et la compagnie étatique d’électricité n’embauchaient aucun Arabe.

Dans les territoires occupés et dans la bande de Gaza, les Palestiniens sous occupation militaire ont été regroupés dans des cantons, isolés les uns des autres par d’illégales colonies de peuplements israéliennes, des routes destinées exclusivement à la circulation des Israéliens, des zones de contrôle militaires, des clôtures électriques et des murs de béton. Les Palestiniens doivent posséder des cartes d’identité de différentes couleurs et doivent faire les demandes de permis auprès des services militaires afin de pouvoir se déplacer entre les différentes zones. À l’entrée de chacune de ces immenses « prisons en plein air », des zones de contrôle militaires ont été érigées à l’aide de barrières à bétail munies de tourniquets, et ce, pour contrôler le déplacement des Palestiniens. Les Palestiniens sont régis par la Loi militaire. Il s’agit d’un système séparé, discriminatoire et « légal », élaboré par les services militaires israéliens et contrôlé par la cour militaire israélienne, tandis que les colons israéliens sont régis par la Loi civile. Plus de 100 000 Palestiniens sont retenus comme prisonniers politiques dans les prisons israéliennes et dans les centres de détentions et sont accusés d’avoir violé la Loi militaire.  

b) La campagne contre l’apartheid israélien est un mouvement palestinien. L’appel initial au boycottage, au désinvestissement et aux sanctions provient de 170 organisations palestiniennes et a été lancé en juillet 2005. Précédemment, d’autres appels en provenance d’universitaires palestiniens s’étaient fait entendre et visaient le boycottage des institutions universitaires israéliennes. Ces initiatives représentent la stratégie de solidarité internationale qui est mise de l’avant. En tant que mouvement solidaire, la CAIA  ne cherche pas à imposer des solutions, des stratégies ou des tactiques face aux luttes palestiniennes. Néanmoins, les activistes palestiniens présents au Canada et à Toronto ont créé un noyau pour les initiatives antiapartheid durant les dernières années et entendent continuer de la sorte. Ces activistes ont de plus la responsabilité de soutenir la reconstruction et de renforcer le mouvement national palestinien, décimé par l’étroitesse dans laquelle la « question » palestinienne est confinée, c’est-à-dire les territoires occupés et la bande de Gaza. Construire des bases dans les communautés arabes et palestiniennes au Canada est vital, spécialement lorsque ces communautés sont sur la défensive et souvent divisées. L’une des priorités est d’encourager les jeunes arabes et palestiniens à devenir actifs dans ces luttes et d’avoir confiance en eux-mêmes lorsqu’il s’agit d’émettre des opinions politiques antiapartheid. 

c) Le Canada est aussi un état colonial. Il y a plusieurs parallèles à faire entre l’expérience palestinienne et la façon dont le Canada a été colonisé et comment les populations indigènes ont été décimées. Les laissez-passer et les « Bantustans » (réserves territoriales) utilisés en Afrique du Sud ont été inspirés par les politiques colonisatrices canadiennes envers les populations indigènes. Ces mêmes politiques sont en cour d’implantation en Palestine. Nous sommes fiers de la relation que le mouvement palestinien de Toronto a mise de l’avant avec les luttes indigènes. Bien que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir en matière d’éducation, qu’il s’agisse de nous-mêmes ou de nos communautés, pour ce qui a trait à la compréhension du fait que le Canada est le résultat d’une colonisation européenne violente et agressive, nous allons continuer à mettre de l’avant notre soutien et notre solidarité avec les résistances indigènes de ce pays. La colonisation n’est pas un événement qui s’est produit il y a des centaines d’années, c’est quelque chose qui se vit quotidiennement.

De façon concrète, ceci signifie que le mouvement antiapartheid devrait être au premier rang des efforts de solidarité avec les luttes indigènes. Nous devons être plus pro-actifs pour ce qui est de démontrer cette solidarité à tout moment. L’une des contributions que nous pouvons faire est de travailler avec les communautés arabes et palestiniennes afin d’étendre la compréhension au sujet des réalités coloniales canadiennes. Ceci est un enjeu majeur, considérant que plusieurs immigrants tombent dans le mythe du « multiculturalisme » canadien, effaçant du même coup la réalité coloniale quotidienne. Nous pouvons organiser des voyages et des missions de « recherche de faits » vers différentes communautés indigènes afin de nous éduquer sur ces luttes. Nous cherchons aussi différentes façons de lier nos luttes à des campagnes pratiques, par exemple le rôle de l’apartheid israélien dans le commerce international des diamants et l’exploitation des peuples indigènes par les compagnies minières.

d) En s’opposant aux politiques du gouvernement canadien appliquées aux populations indigènes ici, ainsi qu’à l’appui que le gouvernement canadien témoigne à l’apartheid israélien, nous aidons à saper le mythe du Canada comme étant un pays « de maintien de la paix ». Ce n’est pas un hasard si le gouvernement canadien soutient l’apartheid israélien. La lutte contre cet apartheid s’inscrit dans celle contre l’impérialisme canadien. Le gouvernement canadien a soutenu une grande variété de régimes non démocratiques à travers son histoire et continue de le faire encore aujourd’hui. Les exemples les plus récents sont les interventions canadiennes en Haïti et en Afghanistan. Nous devrions considérer nos activités contre l’apartheid israélien comme faisant intégralement partie de ces vastes mouvements. Nous devrions aussi encourager les individus actifs contre la guerre en Irak ou contre l’intervention canadienne en Haïti et en Afghanistan à comprendre en quoi consiste l’apartheid israélien. Il y a eu plusieurs avancées à cet égard, par contre il existe une réticence de certains individus craignant d’utiliser le terme « apartheid » et préférant parler de « paix ». Nous devons soutenir, encourager et éduquer les gens à développer une compréhension de l’apartheid israélien et une confiance à travailler ouvertement sur la campagne BDS.

2. THÈMES PRINCIPAUX ET RÉSULTATS DE LA CONFÉRENCE

La conférence était orientée vers deux axes principaux. Le premier se destinait au grand public et comportait des sessions plénières sur des thèmes comme la nature des apartheids israélien et sud-africain, la campagne de BDS mondiale, les leçons des mouvements antiapartheid sud-africains, le lobby israélien et la répression du travail de solidarité envers les Palestiniens au Canada. En parallèle, le second axe mettait en place des ateliers restreints pour le développement de stratégies et de réseaux dans les secteurs du travail, des campus, des médias, de la recherche, des organisations communautaires, des groupes s’appuyant sur la foi et les croyances et les lobbys.    

La conférence a eu le privilège d’accueillir Jamal Jumaa’, coordonnateur de la Campagne « Stop the Wall » en Palestine comme conférencier de premier plan. Jamal a offert une importante présentation rappelant l’évolution de l’apartheid israélien de l’expulsion des Palestiniens en 1947-1948, en passant par l’occupation des territoires et de la bande de Gaza en 1967 jusqu’aux accords d’Oslo et la construction du mur de l’apartheid. Il a insisté sur la continuité de cette stratégie qui visait l’expulsion des populations indigènes et les considérations racistes qui ont préservé un état exclusivement juif. Jamal a aussi discuté de la campagne des groupes de base contre le mur de l’apartheid expliquant que ce mouvement n’est affilié à aucun parti politique, mais plutôt motivé par les communautés locales et la participation bénévole des gens.

Jamal a mis l’accent sur les importantes avancées de la campagne BDS dans les territoires occupés et dans la bande de Gaza. Les universités palestiniennes sont activement impliquées dans la campagne et travaillent à promouvoir les produits locaux au dépend des produits israéliens. Il y a eu une forte réponse internationale suite à l’appel pour un boycottage universitaire d’Israël. Des réseaux ont aussi été formés sur le plateau du Golan et dans les pays arabes voisins. Les syndicats ont fortement suivi l’appel au boycottage et ont été particulièrement inspirés par la résolution du CUPE Ontario (le SCFP ontarien) en mai 2006. Jamal a insisté sur le fait que ce mouvement mondial aura un succès tel que celui survenu en Afrique du Sud, « Nous promettons que nous n’abandonnerons pas. Nous demeurerons sur nos terres et ce sera la chute de l’apartheid israélien. »

Un autre conférencier de niveau international à cette conférence fut Salim Vally, président du Comité de solidarité avec la Palestine en Afrique du Sud. Salim est un vétéran du mouvement antiapartheid dans son pays. Il était de plus un leader étudiant du soulèvement de Soweto en 1976 et ancien prisonnier politique du régime d’apartheid. Salim a insisté sur le fait que le mouvement  antiapartheid israélien en dehors du pays est lié intégralement avec la masse des luttes populaires à l’intérieur du pays et que le temps est venu pour un vaste boycottage international de cet apartheid israélien. En 2001, une conférence contre le racisme en Afrique du Sud à laquelle ont participé des milliers de personnes en provenance de toute la planète a publiquement lancé le second mouvement antiapartheid contre Israël. L’appel au boycottage, au désinvestissement et aux sanctions se base sur la compréhension du fait que le mouvement sioniste est un projet colonial et raciste. Ce mouvement a été responsable des expulsions et des massacres de 1948, 1967, 1982 et ceux de l’été dernier au Liban.

Salim a détaillé les leçons tirées des luttes sud-africaines. Il a insisté que même si plusieurs activistes oeuvrent en tant que lobbyistes auprès de différentes organisations et institutions, nous devons nous rappeler que le pouvoir demeure au sein des gens ordinaires. Ce fut les actions de tous les jours, à travers la planète, qui ont permis de soutenir le mouvement en Afrique du Sud : les travailleurs qui sont entrés en grève en Irelande parce que les supermarchés vendaient des produits sud-africains, les dizaines de milliers de musiciens qui ont boycotté l’Afrique du Sud, ceux qui ont refusé d’assister aux rencontres sportives, le boycottage des universitaires contre l’Afrique du Sud. Toutes ces expériences ont joué un rôle majeur dans la cessation de l’apartheid sud-africain et nous permettent de bénéficier d’un précédent tout à fait inspirant.

Salim a réfuté plusieurs mythes des forces en faveur de l’apartheid israélien et a fait remarquer que les mêmes arguments étaient mis de l’avant dans le cas de l’Afrique du Sud. Il est faux que le BDS affecte les personnes opprimées; c’est plutôt ces mêmes personnes qui nous appellent à isoler l’apartheid israélien. Il est faux que le boycottage universitaire clôt le dialogue. Les universités israéliennes ne sont pas concernées par le dialogue, mais bien par la reproduction des idéologies racistes qui justifient l’apartheid (par exemple, c’est le cas pour « le Centre des affaires démographiques »). Il y a par ailleurs des universitaires de renommée internationale en Israël qui, eux-mêmes, appellent au boycottage. Salim a aussi fait remarquer que les activistes du mouvement antiapartheid sud-africain ont été attaqués par les médias et par les « forces » en faveur de l’apartheid. Nous devons nous soutenir bruyamment et publiquement contre les diffamations et des poursuites pour antisémitisme et être clairs comme quoi nous ne tolérons aucune forme de racisme au sein de notre mouvement. Nous devons aussi mieux comprendre les différentes composantes et les détails du fonctionnement employé par le lobby pro-apartheid israélien.

Rafeef Ziadah de la Coalition contre l’apartheid israélien a mentionné, lors de l’ouverture de la session, l’importance du boycottage, des désinvestissements et des sanctions pour le travail en solidarité avec la Palestine fait au Canada. Il a décrit les origines du CAIA lors de la venue d’organisations en solidarité avec la Palestine en opposition à la visite du criminel de guerre israélien Ariel Sharon en novembre 2005. Après le succès de leurs manifestations, les groupes ont décidé de répondre à l’appel des Palestiniens en vue de mettre en place une campagne de boycottage, de désinvestissements et de sanctions contre l’apartheid israélien. Le CAIA fut donc créé, joignant toutes les organisations torontoises actives en matière de solidarité avec les Palestiniens.

Ziadah a spécifié que l’appel au BDS provient d’un large éventail d’organisations palestiniennes et transmet des orientations concrètes pour les actions à entreprendre au Canada. Le gouvernement canadien a démontré l’été dernier son entière complicité avec les crimes de guerre israéliens quand Stephen Harper a déclaré que les bombardements d’Israël au Liban étaient considérés comme « une réponse mesurée ». Au Canada, nous pouvons viser les compagnies et les institutions qui soutiennent les structures de l’apartheid israélien. De façon claire, ceci inclut les compagnies canadiennes qui investissent en Israël et profitent de l’apartheid israélien. Notre but est de rendre politiquement et moralement inacceptable d’entreprendre des activités qui soutiennent le régime d’apartheid.

Des enregistrements audio des sessions clés de cette conférence sont disponibles ici (uniquement en anglais) :

À l’intérieur du mur de l’apartheid – conférencier Jamal Jumaa’ : www.radio4all.net/proginfo.php?id=20129

Construire un mouvement anti-apartheid: de l’Afrique du Sud à la Palestine – parmi les conférenciers à entendre, Larissa Cairncross, Jamal Jumaa’, Salim Vally et Rafeef Ziadah : www.radio4all.net/proginfo.php?id=20091

Les défenseurs d’Israël au Canada – parmi les conférenciers à entendre, Ahmad Shokr, Dan Freeman Malloy, Diala Al Dabbas, David Noble : www.radio4all.net/proginfo.php?id=20141

En plus des ces allocutions clés, une série de sessions stratégiques ont été organisées durant la conférence afin d’élaborer des plans d’action destinés aux différents secteurs d’intérêt. Les principaux éléments de conclusion de ces sessions sont énoncés comme suit:

a) La recherche :
CAIA établira un comité de recherche pour mener une étude détaillée et précise sur l’apartheid israélien et la complicité canadienne. Plus de 35 personnes participant à l’atelier ont indiqué leur intérêt à prendre part à un tel comité, incluant des représentants de Montréal. Un conseil d’universitaires sera constitué pour soutenir cette recherche et évaluer les possibilités d’obtenir du financement.

b) Les travailleurs :
Près de 80 travailleurs et syndicalistes ont participé à la discussion sur les expériences du mouvement antiapartheid sud-africain et sur le mouvement des travailleurs palestiniens. Un caucus a été créé et poursuivra son travail dans les prochains mois. Par ailleurs, les caucus du CUPE (SCFP) et des enseignants ontariens se sont rencontrés durant la conférence. Ces organisations vont évaluer les possibilités d’amener des activistes syndicaux de Palestine en tournée au Canada et d’organiser la tenue d’une conférence sur la solidarité dans le monde du travail visant les travailleurs canadiens. Jamal Jumaa’ a mentionné aux participants de l’atelier que les syndicats palestiniens feront bientôt un appel public pour le boycottage de « Histadrut » (une fédération de syndicats pro-apartheid). Pour contacter le comité sur le travail de CAIA , courriel : labour@caiaweb.org

c) Les médias :
La session sur les médias s’est concentré sur l’importance de travailler avec les journalistes et les autres professionnels des médias et les radios communautaires afin d’expliquer les enjeux de l’apartheid israélien. Un réseau d’activistes antiapartheid issus des médias a été lancé à la conférence et se rencontrera dans les mois à venir. L’une des premières tâches du réseau sera l’organisation de sessions de formation pour les journalistes et autres professionnels impliqués avec les médias sur l’apartheid israélien.

d) La communauté :
Les ateliers sur la communauté ont identifié l’importance de créer localement des liens avec les autres communautés dans leurs luttes contre l’État canadien. Ceci inclut différentes communautés ethniques et de personnes migrantes de même que la compréhension de l’importance stratégique du travail mené sur une base locale dans les quartiers. Nous nous devons de plus de prendre en considération les enjeux au sein même des communautés arabes et palestiniennes tels que la pauvreté, le racisme, le harcèlement policier et les enjeux liés à la jeunesse. Ce comité de quartier mènera des activités de sensibilisation et d’information dans la région de Parkdale, incluant une campagne de porte-à-porte contre les entreprises et les institutions qui soutiennent l’apartheid israélien dans cette partie de la ville.

e) Les campus
L’atelier concernant les campus a permis de discuter des expériences du mouvement antiapartheid sud-africain sur les campus. Il a de plus permis d’entendre les rapports d’étudiants activistes solidaires avec la Palestine à travers le Canada. En parallèle de l’atelier, un réseau d’étudiants « transcampus » a été créé représentant différents groupes ontariens, et ce, en vue de coordonner la mise en place d’une semaine sur l’apartheid israélien en février 2007, notamment pour lancer la campagne de boycottage et de désinvestissement sur les campus.

f) Le lobbying
L’atelier sur le lobby a permis d’entendre de renommés avocats et représentants de communautés tels que Betty Hunter, secrétaire général de la campagne de solidarité avec la Palestine au Royaume uni. Elle a présenté les enjeux permettant de rendre efficace le travail de lobby. L’accent a été mis sur le fait qu’il est important de mener un travail de lobby en même temps que de mener une campagne efficace au niveau des groupes de base. Le travail doit se poursuivre afin d’identifier et de soutenir les représentants de la société favorables aux luttes antiapartheid.

g) Les communautés basée sur les croyances
L’atelier sur les communauté basée sur les croyances a mis de l’avant l’importance de renforcer les liens entre les activistes pour le BDS et les différents groupes constitués sur la base de leurs croyances. Différents mécanismes ont été proposés afin de faciliter le travail des membres de la CAIA dans leur rencontre avec ces groupes. Les discussions ont aussi permis d’aborder l’importance de confronter les approches soi-disant « équilibrées » de quelques-uns de ces groupes. Des approches qui mettent en conflit le colonisateur et les colonisés et servent seulement à renforcer les structures de pouvoir et à maintenir l’apartheid.

h) Les arts et la culture
L’atelier sur les arts et la culture a permis d’entendre et de voir à l’oeuvre quelques artistes connus de la scène torontoise. Les discussions ont par ailleurs fait ressortir différentes façons de procéder au boycottage culturel de l’apartheid israélien. L’atelier a permis de créer un réseau dont les membres continueront de se rencontrer afin de développer notamment un « code d’éthique » pour les artistes, de même que pour procéder à la promotion du boycottage des événements culturels subventionnés par l’état israélien. L’atelier a aussi permis de mentionner l’importance de développer des lieux alternatifs afin d’encourager et promouvoir le travail des Palestiniens. Afin de contacter le comité culturel de la CAIA, courriel : artists@caiaweb.org

3. POUR ALLER PLUS LOIN

Le succès du mouvement antiapartheid ne viendra pas d’une poignée de personnes. Il est lié à un vaste effort qui permet aux groupes et aux individus de mettre en place leurs propres initiatives en utilisant leur créativité pour s’organiser par eux-mêmes. La Coalition contre l’apartheid israélien (CAIA) voit ses responsabilités dans le soutien et dans la facilitation de l’accès aux ressources afin d’aider à renforcer les efforts et les initiatives des différents réseaux qui se forment à Toronto et à travers le Canada. Ces réseaux doivent continuer à se rencontrer et à travailler ensemble. Nous nous devons d’être unis dans nos efforts, mais aussi nous devons réaliser que la diversité des différents groupes et leur expertise individuelle doivent être encouragées et respectées. La raison étant que nous ne savons pas ce qui fonctionnera sans avoir la flexibilité de tenter différentes tactiques et idées. Nous devons apprendre de tous et de chacun et avoir la capacité de partager nos expériences au sujet du « comment faire mieux ».

L’un des principes sous-jacents du travail de la CAIA est la notion de non-sectarisme et l’importance de mettre le mouvement en avant de toute chose. La conférence s’est fait remarquée par la participation d’un grand nombre de groupes d’intérêts divers et par une attitude sérieuse de la part des gens qui y ont assisté. Nous devons continuer ces efforts afin de demeurer un mouvement pluraliste qui joint différents groupes et individus, dont les opinions peuvent diverger en ce qui a trait aux tactiques, aux stratégies et au sujet des analyses spécifiques, mais qui considèrent le but de confronter l’apartheid israélien au-dessus de leurs différences. Ceci ne peut être dominé par une organisation ou par un individu, mais doit plutôt être guidé par la recherche d’une unité dans la pratique politique.

La tâche la plus urgente qui émane de la conférence est la construction d’une structure permettant la mise en oeuvre des décisions prises lors des différents ateliers. Des comités ont été formés autour de chaque thème mentionné plus haut et continueront de se rencontrer dans les mois à venir. Il est impératif qu’il y ait un suivi des décisions qui ont été prises dans cette conférence, et ce, d’une manière professionnelle.

Une façon d’y arriver sera de mettre en place des mécanismes régionaux et nationaux afin de coordonner la campagne. Des groupes antiapartheid se forment sur les campus et dans les villes à travers l’Ontario et dans les autres provinces. Ce processus sera renforcé par des collaborations et des projets conjoints. En même temps, nous nous devons d’être attentifs de ne pas imposer de modèles organisationnels prédéterminés sur les autres villes, mais plutôt réaliser que la campagne doit être menée par des forces locales, prenant en considération les besoins et la spécificité des différentes expériences. Nous nous devons d’éviter une campagne centrée sur Toronto et rechercher les moyens de renforcer les liens et les apprentissages d’expériences menées au Québec à dans d’autres lieux d’organisations. 

Il s’agit ici d’un moment excitant pour le mouvement de solidarité avec la Palestine. Pour la première fois depuis des décennies nous pouvons apercevoir les failles dans l’édifice de l’idéologie qui constitue l’apartheid israélien. Sur ce continent, l’opinion populaire est en train de changer en notre faveur pendant que les gouvernements Bush et Harper s’alignent sur les positions israéliennes racistes et agressives.  Nous demeurons avec la vaste majorité de la population mondiale qui s’oppose au crime de l’État d’Israël. Nous pouvons avoir confiance que nous gagnerons cette lutte et que nous assisterons bientôt à la chute de l’apartheid israélien.  

Un commentaire »

I would like to join to your movement. I agree with the comparison you make with how Canaian gov. treats the Indians. Especially the fact that the Indians do not blow them selvs up in the name of Alla. As a Canadian I wish that they were more violent to the Canadian gov. and maybe blow up a Canadian gov. office without giving to much tought as to who might be inside the building during the blast. That way Canadians will respect and fear the Indians and would break the walls so that Indians can blow themselvs up freely with minimum effort. And say that one of your relatives would have been killed in the blast, whould you still be against the wall. Thank god that the Indians are human beings who respect life, unlike the muslim extremists.

Hey I am against the wall as well, but I will help to tear it down only when muslim extremists will stop killing innocent people. Than and only than I will take down the barrier and talk peace.

Commentaire par Mohamad Abas — 5 avril 2007 @ 15:40

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