Syrie : Appel de solidarité 03/2012

16 mars 2012 | Posté dans Canada, Hezbollah, Solidarité, Syria, Tadamon!
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Montréal, mars 2012 | Appel de solidarité: déclaration d’appui au mouvement syrien pour la dignité et l’auto-détermination et d’opposition à la militarisation du soulèvement et à l’intervention militaire étrangère

Photo: Réfugiés syriens à une manifestation contre Bachar el-Assad au camp de réfugiés Reyhanli à Antakya, sur Mars 15, 2012.

Le peuple syrien continue à se battre pour le respect de ses droits et libertés, ainsi que pour la chute du régime Al-Assad. En réponse, l’État syrien a répliqué par une répression brutale.

Depuis le début du soulèvement populaire, tous ceux qui ont appelé à la liberté et à la justice en Syrie ont été classés dans la catégorie des « criminels », des « terroristes » ou des religieux fanatiques par la machine de propagande du régime. Celui-ci a également déclaré que ce mouvement a été initié par des agents étrangers dont la mission est d’installer un régime factice qui laisserait tomber les mouvements de résistance de la région du Moyen-Orient et qui signerait un accord de paix avec Israël.

En vérité, les Syriens sont engagés dans une lutte légitime pour changer une insoutenable réalité : un État autoritaire et brutal qui gouverne par l’intimidation, la peur et la répression depuis 40 ans; une machine de sécurité qui arrête et met arbitrairement en détention les citoyens et les soumet à la torture et à d’autres abus en toute impunité; de plus il y a une augmentation de l’appauvrissement de la population et du chômage, ainsi qu’un accroissement des disparités entre riches et pauvres et des incertitudes par rapport à l’avenir dues aux politiques économiques néolibérales en vigueur depuis les dernières décennies.

En même temps, ce mouvement défie inévitablement les fondements mondiaux et régionaux de la répression locale. L’Occident, Israël et leurs alliés régionaux ont engagé une guerre impitoyable contre le peuple et les mouvements de résistance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ces luttes populaires qui sont aujourd’hui rentrées dans l’histoire de cette région du monde, constituent des défis contre les dominations intérieures – les régimes exploitant leur propre peuple – et les dominations extérieures – puissances étatiques globales et locales et leur partenaires corporatifs qui, en relais avec ces puissances, exploitent les ressources et la main d’œuvre locale et ouvrent de nouveaux marchés. Le défi de ces mouvements populaires pour ces régimes ont obligé ces États à trouver de nouveaux partenaires.

Par conséquent, pendant que l’opposition syrienne fait face à la sévère répression de l’armée étatique et des forces de sécurité de l’État, elle se trouve simultanément courtisée par des forces qui voient la révolte populaire syrienne comme une occasion d’améliorer leurs intérêts économiques et stratégiques qui vont à l’encontre de l’auto-détermination des peuples de la région. Tout comme l’État syrien et ses alliés, utilisent de manière cynique un langage de résistance pour justifier leurs prises de position répressives, l’Occident soutient de manière hypocrite les appels à la démocratie et dénonce la brutalité d’un régime avec lequel ils a coopéré dans le passé (des partenariats pétroliers à la « sous-traitance de la torture »). Désormais, ils se couvrent en fondant des relations avec des groupes d’opposition, en espérant sans doute un remplacement plus stable et souple, particulièrement sur la question d’Israël. Ainsi, le gouvernement conservateur canadien basé sur l’exploitation pétrolière – et hostile à l’auto-détermination dans la région, comme le peuple palestinien le sait bien – exprime fortement son appui au soulèvement.

Ainsi, la lutte pour le respect des droits fondamentaux en Syrie est liée aux luttes des autres peuples de la région, y compris la lutte du peuple palestinien contre l’apartheid israélien.

C’est dans ce contexte que le soulèvement populaire en Syrie entre dans sa deuxième année.

La lutte populaire en Syrie

La lutte du peuple syrien est dirigée contre l’État syrien et le mépris qu’a celui-ci à l’égard des droits civils, économiques, politiques et humains. Depuis le début du soulèvement, les Syriens ont déclaré que leur but est la liberté et la dignité. Aujourd’hui, ils appellent au « renversement de ce régime de sécurité tyrannique et corrompu » comme le seul moyen viable d’atteindre leur but.

En reconnaissant la diversité de la société syrienne et les conséquences nuisibles que pourrait avoir une intervention militaire étrangère , une grande partie du mouvement populaire syrien a adopté ces trois principes fondamentaux: la lutte non-violente; l’unité et l’égalité des diverses composantes du peuple; et l’auto-détermination, ce qui exclut l’intervention militaire étrangère.

Les coûts de ce combat légitime et courageux ont été élevés pour les Syriens. Beaucoup trop de vies, plus de 7500 personnes selon des sources onusiennes, ont été ôtées par les mains des militaires du régime, les forces de sécurité et leurs hommes de main. Trop de gens ont été détenus, torturés, brutalisés ou sont disparus dans le labyrinthe de sécurité des prisons de l’État, des centres de détention et des cellules d’interrogation. Tant de familles ont été victimes d’intimidation, de harcèlement et de tentative d’extorsion. Plusieurs villes et la totalité de certains quartiers ont été sujets à des sièges militaires. Le système de santé est en crise et l’éducation est à l’arrêt pour des milliers d’étudiants. Beaucoup trop de personnes ont été punies pour ne vouloir rien d’autre que la liberté et la dignité.

La conjoncture actuelle: désobéissance civile et la Grève pour la dignité.

Tous ces terribles sacrifices ont amené une partie du mouvement d’opposition à se tourner vers les armes pour se défendre et pour conduire le régime à l’effondrement. En parallèle, certains ont commencé à appeler à une intervention militaire par les forces étrangères. Celle-ci pourrait sérieusement mettre en péril l’intégrité et le succès du mouvement non-violent en Syrie. Il pourrait avoir des conséquences directes sur les luttes pour l’auto-détermination à travers toute la région.

À ce point de la crise, il y a une tentative consciente d’empêcher que la situation actuelle arrive au point de la guerre civile et d’assurer que le soulèvement reste efficace, fidèle à ses principes et responsable du peuple syrien. Ainsi, des organisateurs du mouvement ont appelé à des grèves générales à travers tout le pays. Des milliers de personnes ont courageusement relayé cet appel. Depuis l’appel à une grève générale qui a été lancé dans les premiers jours de décembre 2011, la vie économique dans les villes et les zones commerciales, incluant Damas et Alep, les deux plus grandes villes de Syrie, a été beaucoup perturbée voire même stoppée, ce qui représente un symbole d’une résistance pacifique et de désobéissance civile.

Les principales revendications de la Grève pour la dignité sont la libération de tous les prisonniers politiques et le retrait des rues de toutes les forces de sécurité armées, tout cela dans le cadre d’un mouvement populaire d’auto-détermination, qui cherche à mettre fin à l’autocratie autoritaire en place et à faire un changement révolutionnaire pour avoir une société responsable du peuple, respectueuse de la justice et de la liberté.

Un appel à la solidarité à Montréal, au Québec et au Canada

En solidarité avec le peuple syrien, nous appuyons la Grève pour la dignité et ses demandes. Nous croyons que la solidarité internationale pour cette grève et, plus largement pour le mouvement, a un rôle à jouer dans le maintien des principes de responsabilité et d’efficacité du mouvement pour la liberté et la dignité et pour contribuer à éviter tout glissement vers une guerre civile.

En même temps, nous sommes catégoriquement opposés à une intervention militaire étrangère. La violence que l’État utilise pour réprimer la révolte, spécialement à Homs, est choquante et nous devons y répondre de manière urgente, utilisant tous les moyens disponibles pour protéger le peuple syrien dans sa lutte pour l’auto-détermination. Mais l’intervention militaire étrangère n’aidera pas à enrayer l’effusion de sang. Au contraire, elle aura pour conséquence des pertes humaines et matérielles encore plus graves. Malgré le discours humaniste, 40 000 personnes sont mortes en Lybie durant la campagne de sept mois menée par l’OTAN. De plus, l’intervention militaire étrangère serait un désastre pour les Syriens et toutes les autres luttes pour l’auto-détermination dans la région. Comme l’Irak, la Syrie serait laissée sans force militaire réelle, à l’avantage d’Israël; les infrastructures seraient détruites; un conflit civil et une dépendance politique et économique à long terme envers les États occidentaux en découleraient.

Nous appelons les mouvements, et organisations la société civile de Montréal, du Québec, et de tout le Canada à organiser d’urgence des actions efficaces en appui au soulèvement populaire en Syrie et en opposition à l’intervention militaire étrangère. Ces actions peuvent inclure :

– le boycott des compagnies gouvernementales syriennes;

– l’organisation de missions indépendantes de protection et d’observation
en Syrie provenant de la société civile;

– des manifestation contre les opérations et la présence continuelle des représentations
diplomatiques officielles de l’État syrien (par exemple, les consulats et les ambassades).

Non à la militarisation de la lutte! Non à la guerre civile!
Non à l’intervention militaire étrangère en Syrie!

Endossé par

Alternatives
Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
Centre communautaire des femmes sud asiatiques (CCFSA)
Le Chapitre Montréal du Conseil des Canadiens
Coalition contre la brutalité policière
Collectif pour la Syrie à Montréal
College and University Workers United (CUWU)
Conseil central de Montréal métropolitain – CSN
Palestiniens et Juifs Unis (PAJU)
La Pointe Libertaire
No One Is Illegal – Vancouver, Unceded Coast Salish Territories
Quebec Public Interest Research Group – Concordia University (QPIRG Concordia)
Quebec Public Interest Research Group – McGill University (QPIRG McGill)
Société nationale syrienne
Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) McGill
Tadamon! Montréal
US Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (USACBI)
Voix Indépendantes Juives (Canada)

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Commentaire par Fernanda Yanchapaxi — 16 mars 2012 @ 18:24

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