Nahr el-Bared: ‘Les réfugiés réfugiés’

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    Photo reportage: Mary Ellen Davis.

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Nahr el-Bared, camp de réfugiés palestiniens situé au bord de la Méditerranée, au Liban près de Tripoli, a été le théâtre d’un violent conflit entre l’armée libanaise et la faction armée Fatah al-Islam, du 20 mai au 4 septembre 2007, obligeant ses 40,000 résidents à évacuer contre leur gré. Aujourd’hui, il ne reste que des ruines, la plupart inhabitables.

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En décembre 2007, l’ancien camp (au fond) reste sous occupation militaire et inaccessible, même si le conflit a pris fin le 4 septembre. De loin, on voit qu’il ne reste que des décombres. Ces photos ont été prises discrètement, car la couverture de presse est découragée par les autorités. Dans le nouveau camp, la reconstruction commence, mais beaucoup d’immeubles doivent être rasés.

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Petit à petit, les résidents du nouveau camp sont autorisés à retourner sur les lieux. Sur place, ils constatent les dégâts et évaluent la possibilité de vivre ou non dans les décombres. Depuis mai-juin, la plupart des familles déplacées campent dans les écoles du camp de réfugiés le plus proche, Baddawi. Mais les conditions sont insalubres, la vie privée inexistante, et le retour est leur seul souhait.

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Il s’agit de familles chassées de leurs villages en Palestine en 1948 et de leurs descendants. Leurs maisons et leurs terres ont été confisquées par l’état d’Israël. Soixante ans plus tard, ils attendent encore le moment du retour, un droit inaliénable pour tous les peuples. Aujourd’hui nouvellement dépossédés, ils disent “Laissez-nous rentrer chez nous à Nahr Al-Bared, ou chez nous en Palestine.”

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À l’intérieur des maisons, abandonnées en catastrophe, il ne reste plus rien. Tout a été saccagé, pillé, incendié, pas seulement détruit par les bombes. Les familles ont tout perdu matériellement, y compris leurs sources de revenu, leur emploi, leur patrimoine. Mais elles gardent courage et détermination. Au fond, les ruines encore inaccessibles de l’ancien camp, où se trouve aussi un cimetière.

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Une mosquée n’a pas été épargnée. La tragédie que vivent les Palestiniens de Nahr-Al-Bared s’insère dans le drame historique du Liban, déchiré par des guerres antérieures, dont les bombardements israéliens de l’été 2006. Elle trouve aussi son écho dans l’existence d’autres camps de réfugiés, celui de Jénine (avril 2002), celui de Rafah, dans le sud de Gaza, aujourd’hui encore bombardé.

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Dans la zone périphérique de Nahr-Al-Bared, où vivent aussi des citoyens libanais, les familles retournent vivre dans les décombres. Après six mois de déplacement forcé, les habitants sont paradoxalement contents de retourner chez eux, où tout est à réparer ou reconstruire. Pourtant on a l’impression que les gens déambulent dans les ruines comme des âmes perdues.

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Décembre 2007. Des tabliers flambant neufs pour les écoliers. C’est le premier jour d’école de l’année dans le nouveau camp de Nahr-Al-Bared. Ce qu’il faut maintenant, disent les volontaires du Palestinian Children and Youth Association, c’est faire rire et sourire les enfants, leur faire oublier autant que possible le traumatisme qu’ils ont vécu et qu’ils vivent encore.

* Le pillage de Nahr al-Bared, vidéo de 10 min. en arabe avec s.t. français

    haute rés ICI. / basse rés ICI.

* Ruines du vieux camp (6 min. sans dialogues; filmé d’un portable)

    ICI

* Annals of National Security: The Redirection, by Seymour Hersh, March 5 2007

    The New Yorker

* Islamismes sunnites et Hezbollah, par Bernard Rougier, Janvier 2007

    Monde diplomatique

Mary Ellen Davis réalise des documentaires indépendants, travaille dans le milieu culturel et agit en faveur des luttes en Mésoamérique et au Proche-Orient.

9 commentaires »

Great work!

Commentaire par Edith Cacciatore — 16 janvier 2008 @ 0:33

As a Lebanese citizen, I do acknowledge the suffering of the Palestinian refugees and strongly wish that they could return to their homes in Palestine very soon. As for Naher-el-Bared, I have two comments and wish you guys publish them and don’t take them as an insult or offense. This is not my purpose. First you used the word “Military occupation” to describe the military presence of the Lebanese army in the camp. Occupation is not the right word because this is Lebanese Land, and the Lebanese army has the right and the duty to be present over our own soil. Second, had your local authorities in the camp acted in the right moment to avoid the harboring of Fateh-el-Islam terrorists, neither the Palestinian refugees would have suffered, nor the Lebanese army would have sacrified 170 martyrs with some of them being slaughtered with cold blood. Please do remember that you are guests in Lebanon, and when guests are offered a temporary place they have the duty to make sure that this place remains safe and secure. Thank you.

Commentaire par R. T. — 16 janvier 2008 @ 2:03

Hi,

This is a movie by al-jazeera about refugeees of nahr al-bared

http://www.youtube.com/watch?v=TrAGBPcRp2s

Commentaire par Mariam — 16 janvier 2008 @ 4:07

Touching

Commentaire par Kholoud - Beirut — 16 janvier 2008 @ 11:56

It’s sad to see refugee camps in the aftermath of an unavoidable confrontation. What’s worse is that other refugee camps that have been relatively “peaceful” are not doing much better.

Under the title of refusing Palestinians’ permanent settlement in Lebanon, most camps are still underdeveloped and receive little to no attention from successive Lebanese governments. The problem is created by Lebanese & Palestinians alike.

Palestinian refusal to submit to the Lebanese “rule of law” (yes, term used loosely): Camps being a safe haven for wanted criminals and convicts, the absence, rather the refusal of Lebanese authority in the camps can only lead to the government’s inability to help in other areas.

Having said that, Lebanon receives regular monetary aids to help improve the situation. It would be only expected that the Lebanese government creates a local body with the assignment of getting help to the camps.

Commentaire par A.D. — 16 janvier 2008 @ 13:25

Les Palestiniens ne seront jamais en sécurité nulle part au Liban qui est dirigé par les Chrétiens, déjà responsables de massacres de Palestiniens sans défense.
S’ils sont sans armes, on les massacre, s’ils sont armés, c’est une bonne raison pour les attaquer.
Ils n’ont que le droit de mourir ou subir, sans mot dire, tous les affronts et les traitements inhumains que les Israéliens et leurs alliés Libanais leur imposent.

Cela sous le regard indifférent de la communauté internationale, qui a de moins en moins d’informations, apeurés que sont les journalistes d’être accusés d’anti-sémitisme, et même poursuivis en justice, s’ils osent critiquer Israël.

Il faut dire que les Arabes ne supportent pas beaucoup les Palestiniens, sauf Sadam, qui fut le seul à se tenir debout contre les Américains. Et il en est mort.

La situation des Palestiniens est une honte pour tous les citoyens nantis de la terre et heureusement il se trouve encore quelques valeureux, comme l’équipe de Tandamon, pour oser montrer au monde cette grande injustice.

Commentaire par Paul Dooley — 18 janvier 2008 @ 17:13

I am just reading Paris 1919 Mary Ellen. It deals with the ‘slicing and dicing’ of peoples at the end of WW1 and the establishment of the doomed League of Nations.

It seems to me the seeds for the Middle East sorrow (as well as that of the former Yugoslavia and others) were set in play in 1919 when all is said and done. I urge all those interested in the politics of this mess to take some time and revisit this point in time in depth. The real learning for me was nature of the men who ran this 1919 show. Their flaws are directly imprinted on some of today’s worst outcomes as we look at the history.

We need leaders of wisdom and courage to come into play and live long enough to turn dynamics around or all remains lost on so many fronts.

Thanks for your story and passion as always. Best to Tony, his and mom.

Commentaire par Mike — 22 janvier 2008 @ 1:13

Thank you Mary Ellen for being able to bring us back to what is going on – why it is going on – This is the Lebanon my father left all those years ago – just when it went into flames – and time passes and it still does not change, yet the word gets out, the photos get out and this makes a smaller change – bit by bit.

Merci. Jeanne

Commentaire par jeanne Pope — 25 janvier 2008 @ 17:42

Je vous remercie pour cet article, bon courage!

Commentaire par clavier arabes — 3 octobre 2010 @ 16:37

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